15 février 2014

Parenthèse existencielle - le droit d'exister

Cet article n'a aucun rapport avec l'Australie. Mais j'aimerais vraiment, vraiment, que toi petit lecteur, tu prennes la peine de lire, même si la fatigue me fait écrire assez approximativement.

On parle beaucoup de gender studies aujourd'hui. Enfin, de "théorie du genre" -chose qui n'existe pas. Ca fait maintenant deux ans que je suis des cours de gender studies. Ce qui a a changé ma vision du monde. Aujourd'hui je suis féministe. Je suis loin d'être la plus active des militantes, mais j'essaie de transmettre ces idées à ceux qui partagent mon quotidien, je pointe du doigt ces injustices criantes que personne ne semble voir et dont personne ne se soucie ("y'a pire comme problèmes"). Ces filles violées PARCE QUE vétues trop légèrement, et l'ayant donc cherché, on les avait prévenues.
 « si vous blâmez la victime de viol parce que ses vêtements étaient provocants, vous devriez aussi blâmer la banque qui a été braquée parce que son contenu était provocant ».
Mais je ne veux pas vous parler de féminisme ce soir. Peut-être que ça arrivera aussi, mais c'est un autre sujet qui me retourne plus particulièrement les tripes ce soir.

Aujourd'hui, Ellen Page a fait son coming out. Et malheureusement, c'est un évènement. Elle a sans doute réfléchit pendant des jours, voire des mois, avant de prendre cette décision, elle n'a probablement pas dormi la nuit dernière, et elle avait très certainement une boule dans la gorge pendant son discours. Et pourtant, elle a une situation plutôt "avantageuse". Elle est une actrice mondialement connue, soutenue par une communauté de fans, elle évolue dans un milieu sans doute un peu plus ouvert sur les LGBT que beaucoup d'autres.
(Trop) nombreux sont ceux qui ont, littéralement, tout perdu en expliquant à ceux qui les ont vu grandir qu'ils n'ont pas une sexualité conforme à celle que la société exige. Je tairai le nom de cette amie, pour qui j'ai tant d'admiration et de respect, qui lorsqu'elle a avoué à ses parents aimer les filles, a subi pendant des mois des remarques comme "j'aurais préféré que tu ne sois pas ma fille". Je ne sais pas comment elle a résisté à ça. De la même manière que je ne comprends pas pas que les LGBT ne pleurent pas tous les jours en voyant les gens défiler le dimanche pour les empêcher de se marier, d'avoir des enfants, les accuser de pédophilie, et de détruire la société. Cette même société qui s'acharne méticuleusement et quotidiennement à les détruire, à les faire disparaitre. Qui au mieux leur laisse le droit d'exister... à la condition de rester cachés.

Il y a un problème.
Et c'est là que les gender studies interviennent.

Cette "discipline", tant décriée pour ce qu'elle n'est pas, prône une chose très simple et pourtant si rare : la tolérance. Sans parler de la bouffée d'air frais qu'elle m'a personnellement procuré, de tous les complexes dont elle m'a débarassés, elle m'a ouvert l'esprit, et montré la fragilité de ce que j'ai toujours pensé évident et inébranlable. Vous saviez que les hommes sont également capables de produire du lait si leurs tétons sont stimulés ? Qu'il n'y a pas uniquement deux sexes dans la nature ? C'est perturbant, c'est même effrayant. Mais c'est vrai. (attention, les différences bilogiques -bien existantes- ne sont pas niées)

Ce que montrent -et dénoncent- les gender studies, ce sont toutes ces constructions sociales qui ont été naturalisées, ces visions ô combien réductrices du féminin et du masculin érigés en modèles, le diktat de l'hétérosexualité, et des conséquences désastreuses que tout ça a sur l'ensemble de la population. Malheur aux garçons pas assez virils, aux filles aimant le rugby mais pas le maquillage.... et ne parlons même pas de ceux qui ont l'inconscience de ne pas être attirés par le sexe opposé.

Est-il impossible de vivre dans un monde où chacun trouve sa place librement, sans se renier, sans sacrifier son bonheur au profit d'une volonté générale plus "légitime" ?
Est-il impossible de vivre dans un monde où les individus reconnaissent les particularités de chacun sans sentir leur propre identité menacée ?

Je m'arrêterai là. J'avais simplement besoin d'écrire cet article après avoir pleuré en écoutant la voix tremblante d'Ellen Page.
Pour combien de temps encore des LGBT souffriront à cause d'idées préconçues ?



Pour ceux qui veulent lire la trancription en français :
Je suis ici aujourd’hui parce que je suis gay. Et parce que… peut-être que je peux changer les choses. Pour aider les autres à vivre une vie plus simple et avec plus d’espoir. Aussi parce que je sens que j’ai une obligation personnelle et une responsabilité sociale.
Je le fais aussi égoïstement, parce que je suis fatiguée de me cacher et fatiguée de mentir par omission. J’ai souffert pendant des années parce que j’avais peur d’être « découverte ». Mon esprit en a souffert, ma santé mentale en a souffert et mes relations en ont souffert.
Et je me tiens ici aujourd’hui, avec vous toutes et vous tous, de l’autre côté de la barrière de cette douleur. Je suis jeune, oui, mais j’ai appris que l’amour, sa beauté, sa joie et même sa douleur, est le plus incroyable cadeau qu’un être humain puisse donner et recevoir.
Et que nous méritons tous de le vivre pleinement, à égalité, sans honte ni compromis.
Il y a trop d’enfants qui souffrent de brimades, d’être rejetés ou simplement maltraités pour ce qu’ils sont. Trop d’exclus. Trop d’abus. Trop de gens sans foyers. Trop de suicides. Vous pouvez changer tout ça et vous êtes en train de le changer.
Mais vous n’avez jamais eu besoin de moi pour vous le dire. Donc c’était un petit peu bizarre. La seule chose que je peux vraiment déclarer, c’est ce vers quoi m’amène ce que je dit depuis cinq minutes. Merci. Merci de m’inspirer. Merci de me donner de l’espoir et s’il-vous-plaît, continuez à changer le monde pour des gens comme moi.
Joyeuse Saint Valentin. Je vous aime
Deux pages à suivre :

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